Histoire de l'AFILS

L'histoire de l'AFILS

Pendant longtemps l'interprétation français - LSF a été assurée par des personnes issues de la communauté sourde, enfant de parents sourds principalement. Elles n'avaient pas conscience de réaliser des interprétations en tant que telles, et encore moins d'être nombreuses à le faire.

...
https://vimeo.com/187526356

Une profession naît

C’est en 1970, sous l’impulsion de la Confédération Nationale des Sourds de France (CNSF) que se crée un « comité d’interprètes » dont le but est principalement d’interpréter le congrès de la Fédération Mondiale des Sourds (FMS) qui se tient en juillet 1971 à Paris. C’est à la suite de cela qu’en 1978, Christiane Fournier, professeure pour enfants sourds et fille de parents sourds, crée l’Association Nationale Française d’Interprètes pour Déficients Auditifs (ANFIDA). À l’époque, l’usage de l’expression « interprète français – LSF » n’avait pas cours.

En 1980, l'association met en place le tout premier examen : la Capacité Communicationnelle. Cette validation reconnaît la capacité d’une personne (sourde ou entendante), à communiquer avec des personnes sourdes. L'année suivante naît le premier regroupement d’interprètes en France. Il dure une semaine et s'adresse à des personnes ayant déjà une expérience de l’interprétation. Cela permet de délivrer la Capacité Communicationnelle du deuxième degré (CC2), patronnée par des personnalités du Ministère de la Santé et des Affaires sociales et de l'Institut National des Jeunes Sourds (INJS) de Paris.

... puis un code éthique

En 1988, l’association des interprètes change de conseil d'administration et de sigle. L’appellation «déficients auditifs » disparaît au profit de «langue des signes ». Fait sans précédent en Europe, son conseil d’administration compte alors, obligatoirement 50% de personnes sourdes. Le nouveau président Jean-François Mercurio est lui-même sourd, tout comme son successeur Rachid Mimoun.

En sept ans l'association changera de noms plusieurs fois (ANFIDA, ANPILS puis ANILS). Ces changements illustrent une prise de conscience progressive : les sourd·es réclament des professionnel·les formé·es, diplômé·es et reconnu·es. Un peu plus tard, en 1995, sous l’influence de l'European Forum of Sign Language Interpreters (EFSLI) notre association prend conscience de sa valeur nationale à l'échelle européenne. Elle prend alors le nom qu’elle gardera pendant quatorze ans : Association Française des Interprètes en Langue des Signes (AFILS).

Elle modifie également ses statuts et alors seul·es les interprètes diplômé·es sont éligibles et ont le droit de vote. Les autres membres se retirent progressivement de l'association.

C'est en 1988 que Francis Jeggli et Alain Bacci rédigent le code déontologique de la profession sur le modèle de celui des interprètes en langues vocales. Modifié par Francis Jeggli et Pierre Guitteny, il est devenu une référence pour la profession. Il se nomme le Code Ethique de l'AFILS.

En 2022, le code éthique de l'AFILS a été révisé et propose une nouvelle définition de la neutralité en y ajoutant la notion d'impartialité.
La même année, les membres de l'AFILS ont voté la modification de tous nos documents pour y intégrer l'écriture inclusive ou neutre.

L'AFILS devient LA référence

L'AFILS prône la professionnalisation des interprètes français - LSF. En partenariat avec la Fédération Nationale des Sourds de France (FNSF) et le SERAC (qui a formé des interprètes de 1988 à 2018), l'AFILS crée en 1994 la "Carte Professionnelle". Elle reconnaît les compétences des interprètes officiant depuis plusieurs années mais ne possédant pas de diplôme.

Au fil des ans et malgré des avancées spectaculaires, l'AFILS peine à trouver un second souffle. En 2002, l’association est en perte de vitesse et ne compte plus que 42 membres alors que l'on estime à 150 le nombre des interprètes en France à cette époque !

Ces dernières années, le nombres d'interprètes et traducteur·rices afilsé·es ne cesse d'augmenter.

Une nouvelle image

Sous la présidence de Laure Boussard, l'AFILS modifie alors en profondeur ses statuts et entérine, à une très forte majorité, de nouveaux statuts qui limitent l’adhésion à l’association aux seul·es interprètes diplômé·es, mais autorise l’affiliation d’associations régionales d'interprètes et de structures d’interprètes sous conditions.

Aux cours des années 2000, les formations d'interprètes français – LSF se multiplient. Dans le cadre d'une harmonisation européenne des cursus universitaires en 2006, elles permettent toutes d'obtenir désormais des masters d’interprètes français - LSF. Le nombre d'interprètes augmente tout comme le besoin de se fédérer autour d'une association nationale.

Depuis quelques années, les associations régionales ou strucutures ne peuvent plus être affiliées à l'AFILS, seules les personnes physiques peuvent devenir membres de l'association.

L'ouverture aux traducteur·rices

En 2008, une formation aux " Métiers de l'information et de la communication : traduction et interprétation " accessible aux personnes sourdes voit le jour. Les traducteur·rices sourd·es se professionnalisent et se qualifient. Elles et ils peuvent donc désormais adhérer à l’AFILS qui devient alors l'Association Française des Interprètes et traducteurs en Langue des Signes en janvier 2009.

Plus récemment, depuis 2021, l'AFILS reconnaît deux nouveaux diplômes :
- Master de traduction LISH (Lettres, Interface numérique, Sciences Humaines), Parcours Langue des signes française (LSF) délivré par l’université Paris 8 ;

- Master Mention « Traduction-Interprétation » parcours Langue des signes, Traduction, Interprétation, Médiation linguistique (LSTIM), option traduction délivré par le D-Tim, Toulouse.